An
Exploration of my Process of Creation through a live Artist Journal, full of my Drawings and Words.

J'explore jour après jour au gré des pages remplies de dessins et de mots mon Processus de Création.

25 avril 2014

PAGE 96: 8/De mémoire de Femmes

Semaine 8 du projet Alors on crée?
Montréal
La générale a eu lieu Lundi de Pâques, 21 avril.
Nous nous sommes enfin vues dans nos créations. Louise Bédard a mis en scène tous les duos et le trio, et a formé à partir de toutes ces îles solitaires une mosaïque continentale!
La représentation aura lieu samedi 26 avril 2014, au Studio Jeanne Renaud du Centre Chorégraphique Circuit Est.

Des corps déchirés, violentés, des cœurs abusés au goût d'une fatale solitude, et malgré tout quelques murmures de joie, d'espoir, de renaissance, encore...

Ces pièces isolées mises ensemble dans cet espace libre de création dévoilent l'inconscient collectif des Femmes.
Intenses vies, peines et résiliences qui parsèment nos chemins, nos mouvements de corps et d'âmes.

La beauté est à ce prix, celui de la danse de la vie.

La scène nous offre une voix, un corps, un regard, une écoute, un droit d'être, de dire l'indicible, de sublimer, de transformer. Un moment de vérité, un moment d'existence.
Audibles, visibles, Femmes vulnérables encore, mais sous la Lumière bienveillante de celles qui sont passées par là déjà.


Je marche, parce que je suis fatiguée de m'échapper.
Je m'arrête, parce que je suis epuisée de continuer.
Je désire, parce que je refuse de mourir.
Je dis non, parce que ma vie a dit oui.
Je crée, parce que j'ai des choses à être.

Pour toutes celles disparues en silence,
pour toutes les créations avortées,
pour tous les printemps qui redonnent la chance à la fleur d'éclore à nouveau,
pour la source qui coule en nous, tantôt limpide tantôt tumultueuse,
nous serons rouges, nous serons feu, nous serons fières, même de si peu
nous serons nues, petites ou grandes, fragiles ou fortes, tremblantes ou confiantes,
De mémoire de Femmes
nous serons,
tant que la Lumière nous guidera vers l'autre.







16 avril 2014

PAGE 95: 7/De la Terre au Ciel

Semaine 7 du projet Alors On Crée?
MONTRÉAL 


En sortant de Circuit Est Centre Chorégraphique, je suis passée par le parc Lafontaine pour me ressourcer.
La pleine Lune et son éclipse ont brassé l'atmosphère: la pluie s'est transformée en grêle ce jour là.
Je regardais ces billes d'eau en plein changement d'états, du liquide au solide, agitées par des mouvements intérieurs imperceptibles à l’œil nu. Je les observais elles si petites et cinglantes sur mes joues, virevolter sous le souffle du vent comme de la ouate docile. Habitées par cette vie qui ne cesse de nous faire vibrer, bouger, tanguer, valser.
 
Je dessine avec l'eau liquide. Sa fluidité me permet de chanter le mouvement intérieur. 
Sa transformation visible en vapeur sous la chaleur de l'air, me permet de ne rester attachée qu'à la sensation du moment vécu. Nous ne possédons pas l'eau. Elle, véhicule de courants encore plus subtils, nous inonde de ses torrents et rivières. 
Faut-il oser s'abandonner à ses flots, pour retourner à la Source originelle du premier geste?
Est-ce cela que Louise Bédard sent quand elle dit danser pour ce quelque chose qui est ... plus Grand?
Dans les traditions anciennes dont je suis issue, on ne crée pas juste pour créer. Mais parce que quelque chose de plus Grand nous en a donné le signal.

Mon corps est ma danse, ma voix est mon vent, mon poids est ma trace, mon chemin est ma preuve d'existence, ma transformation d'un état à un autre est mon acte créateur, plus proche de la Source originelle à chaque étape. Pas à pas.

Au milieu du parc je me suis arrêtée.
J'ai regardé tous ces troncs de la même forêt si dissemblables, et si naturellement tous arbres.
Plus droits, plus sinueux, plus écorchés, plus anguleux, plus boursouflés, plus creux.
Autant de trajectoires uniques et singulières, pour un même but:
toutes branches tendues vers la lumière, vivre le voyage de la Terre au Ciel.

Et quelques enchaînements de mouvements d'eau sont apparus sous mon pinceau...
















10 avril 2014

PAGE 94: 6/La Nuit de la Création

Semaine 6 de l'Atelier Alors On Crée?

MONTRÉAL
Lundi 7 avril 2014


Le Chaos, c'est ma madeleine de Proust.
Ce goût de vide soudain, cette odeur de révolte, cette sensation d'explosion, de flou, de rien, de néant.
C'est mon sucre, mon miel, mon parfum d'espérance,
mon souvenir d'enfance, ma trace reconnue, mon territoire de jeux.
C'est le signal.
Nous sommes en plein coeur du processus de Création!


  Faire, défaire, refaire, s'enfoncer, se retirer, venir, aller, s'enfouir et s'enfuir!
C'est ainsi que naissent et se structurent les idées,
que se sondent les profondeurs invisibles jusqu'alors.
Nous touchons le fond des océans,
où les épaves ne rutilent plus de leur éclat d'un jour, de leur robes d’apparats,
mais se découvrent dans un mouvement d'abandon,
nues comme avant la forme, avant la scène, presque avant la pensée d'être.


 C'est au cœur des courants marins que se transmet les mémoires des sirènes.
C'est leur chant d'avant le ciel et le soleil, qui fait vibrer la Nuit de la Création.
C'est l'assurance d'appartenir à leur lignée qui nous fait Femmes avancer
encore, et encore, et encore.
Qui nous fait Femmes, oser
Qui nous fait Femmes, aimer
encore, et encore, et encore
Qui nous fait Femmes, donner 

Car celles qui créent donnent,
et ce geste même,
est la plus belle des danses.










8 avril 2014

PAGE 93: Un peu de mon parcours d'élève artiste


Quand je suis arrivée en France à l'âge de cinq ans et demi,
une grand-mère m'a offert 3 albums à colorier.
Ce furent mes premières classes.


Ensuite dès l'âge d'environ sept ans, je répertoriais dans un cahier mes images et mes mots, ma poésie écrite et dessinée ou sous forme de collages. Mes mains exploraient les formes dans l'espace, jouant à l'artisane du textile et à la bricoleuse de mobiles. J'inventais mes jeux et créais mes terrains d'explorations physiques et imaginaires.
Très jeune pourtant, mon corps a trouvé des limites dans son désir et besoin de courir et sauter, dues à des maladies de croissance et une paralysie des mains... Alors j'ai marché plus lentement. Et contemplé. Et observé les mouvements et émotions de mon environnement. Intérieur et extérieur. Je suis devenue témoin de l'Humanité, la mienne et celles des autres. Poète vagabond, malgré moi.
Je suis allée trouver des réponses à mes questionnements existentiels et spirituels entre les rayons de la Bibliothèque Holden de Reims, petite bibliothèque de quartier dont l'architecture extérieure cubique lui donnait l'apparence d'une petite Mecque. J'y allais comme on fait un pèlerinage, découvrant la naissance de l'art moderne, l'impressionnisme, le surréalisme, le dadaïsme, parmi les écrivains, poètes et peintres. Et j'ai commencé à faire du bénévolat, à guider les enfants dans leurs apprentissages. A tenter de comprendre. Mais quoi? Si ce n'est... mes propres peurs.

J'ai croisé trois personnes marquantes sur mon chemin d'évolution créative.

A l'âge de 20 ans, alors que j'étudiais la biologie à l'université en conflit intérieur avec mon élan artistique (réprimé par des croyances familiales), je m'étais finalement décidée à aller à une réunion d'information sur les cours préparatoires d'entrée à l’École des Beaux Arts de Reims en France. Malheureusement mes horaires universitaires ne me permettaient pas de suivre cette préparation, mais Mr. Philippe Drouard, professeur de dessin en charge de ce programme, me proposa d'intégrer directement en auditeur libre sa classe de 1ère année en dessin.
Une année scolaire durant j'ai donc suivi les étudiants en dessin de cette Ecole des Beaux Arts.
Et... je suis restée sur ma faim!
Quant à la fin de l'année Mr. Drouard m'a demandé ce que je pensais de cette formation, "Factice" a été le qualificatif spontané exprimé. Proche de la retraite, riche de son expérience et de sa vision, lui qui avait travaillé sur une magnifique série de lithographies inspirées de l’œuvre de Poussin, il avait semble-t-il perçu en moi ma singularité, bien avant que j'en prenne conscience.
Je n'étais pas faites pour apprendre "l'Art" dans les "Écoles".
Un esprit libre défriche son propre chemin.
Le voyage, plus ou moins conscient encore, commençait.
Encore une fois, bien malgré moi.
 
Environ sept ans plus tard, alors que je peinais à venir à bout d'une formation d’Éducateurs de Jeunes Enfants avec laquelle encore une fois mes valeurs se confrontaient, j'ai croisé un prof d'Anthropologie - Ethnologie qui exerçait à l'université de Strasbourg. Il était venu intervenir dans notre formation pour quelques heures, abordant l'interculturalité dans les interventions sociales.
Alors que je souffrais de témoigner pour mon mémoire final d'études de ce que j'avais réellement vu et vécu dans l'organisme où j'avais fait mon stage de fin de formation, un Centre d'Hébergement d'Urgence pour Femmes avec ou sans enfants, n'ayant aucun soutien de mes professeurs en charge et bien plus l'Institution même liguée contre ma Parole, Mr. Patrick Tenoudji m'a offert son aide.
Il m'a dit trois choses dont je me souviens encore aujourd'hui pour éclairer ma route, quand toutes lumières semblent éteintes et que les nuages cachent les étoiles: "Parle avec ton cœur. Tu es une Mémoire. Je te donne ma bénédiction." Bon, un peu théâtral, mais cela lui vient de son amour pour les Arts de la Scène!
Et je participais à mes premières expositions artistiques, dans la rue.

Encore plus tard, épuisée sur ces grandes autoroutes de la vie où mon pied vagabond se meurtrissait et se languissait du discret et solitaire sentier de terre, j'arrivais dans ma première véritable "école" d'Arts Visuels... C'était une École Primaire, où Michel Houplain, peintre sculpteur graveur de la région parisienne d'une virtuosité exceptionnelle, fidèlement depuis de nombreuses années animait des ateliers en dessin et sculpture d'après modèles vivants.
Quand j'échoue sur son quai, mes mains sont lourdes de tensions. Les bancs d'écoles de Michel ne sont pas rigides et strictes, sa classe est un espace libre, où quand celui qui se sent prêt veut faire un pas, il le peut à son propre rythme. Générosité, patience, engagement social, furent les baumes pour panser mes blessures. Aucunes théories ou si peu, aucuns cours, juste une marche, au pas à pas. Le champ idéal pour le mouvement de mon esprit libre. Et des mots, de-ci de-là, dont je commence tout juste à saisir le sens en profondeur... un autre cycle de 7 ans plus tard.

Ces trois personnes ne se sont certainement jamais rendues compte de l'importance de leur Présence au moment où je les ai croisées sur ma route. Leur générosité et leur justesse ont contribué à me mener au jour d'aujourd'hui.


Ma façon d'enseigner perdure l'héritage qu'ils m'ont transmis.
C'est un Accompagnement.
 Un espoir. Des valeurs. De la beauté.

Je suis une autodidacte.
 Je ne crois pas aux dogmes.
Je crois que chacun a à se définir singulièrement.
Non dans un but de compétition, de performance et d'individualisme, mais dans un dessein de complémentarité et de coopération efficace afin de s'insérer dans un projet de société juste, viable et adaptable aux changements de toutes sortes.
La conscience de son processus créatif et de l'aspect vivant et évolutif de sa propre vision du monde et de soi, peuvent à mon sens y contribuer, et rendre la parole aux honnêtes Poètes du quotidien.



Habiba Nathoo


LES ATELIERS NOMADES
 Dessin & Narration 
ATELIERS dans la ville
COURS individuels 








2 avril 2014

PAGE 92: 4et 5/La Théorie des Ensembles

Semaines 4 et 5 du projet  Alors on Crée?

Lundi 31 mars 2014
MONTRÉAL


L'une disait: "Il y a une chose que je n'ai jamais comprise en mathématiques,
c'est la Théorie des Ensembles!"
Et elle dessine spontanément sur cette page de rencontre de nos trois voix, deux cercles en union, présentant ainsi deux espaces propres à chacun et un espace central commun.

Jacques Salomé dit que dans un couple, il y a les deux partenaires, et la relation.
C'est un peu ça, la Théorie des Ensembles.
C'est un Trio.
C'est Rachel, Lise et moi.


Et dans cet espace relationnel esquissé par l'une, l'autre sème une texture tout en picotements.
Ça grouille de mouvements, d'échanges, d'effleurements, de caresses et de tendresses.
Ça  parle d'amour.
Mais, dans un des cercles, silencieusement, grossit une tumeur.
Inaccessible à l'autre.
Elle entre et sort, déborde, fragilise, détourne l'attention.
Perturbe l'union.
Et l'Ensemble devient le Seul.


Toutefois, un lien de présence les unit encore.
Puis, imperceptiblement, la relation devient souvenir.
Un parfum de plus en plus vague.
Les rêves évanouis, le futur évaporé.
L'impossible demain de cette éphémère création qu'est la rencontre.


Les deux cercles déchirés ont roulés, se sont éloignés.
A chaque pas, ils se sont refermés un peu plus sur eux-mêmes.
A chaque geste, ils ont senti leur propre souffle de nouveau.
A chaque battement de cœur, il sont retournés dans leur espace scénique intérieur.


Une chorégraphie comme un théorème parmi tant d'autres.
Comme un phare pour guider d'autres solitudes naviguant sur l'océan des rencontres.
Une mémoire terrestre, un espoir d'appartenance à la Loi Humaine.

Une Histoire d'Amour.
Un Processus de Création.
Un Art de la Rencontre.