An
Exploration of my Process of Creation through a live Artist Journal, full of my Drawings and Words.

J'explore jour après jour au gré des pages remplies de dessins et de mots mon Processus de Création.

8 avril 2014

PAGE 93: Un peu de mon parcours d'élève artiste


Quand je suis arrivée en France à l'âge de cinq ans et demi,
une grand-mère m'a offert 3 albums à colorier.
Ce furent mes premières classes.


Ensuite dès l'âge d'environ sept ans, je répertoriais dans un cahier mes images et mes mots, ma poésie écrite et dessinée ou sous forme de collages. Mes mains exploraient les formes dans l'espace, jouant à l'artisane du textile et à la bricoleuse de mobiles. J'inventais mes jeux et créais mes terrains d'explorations physiques et imaginaires.
Très jeune pourtant, mon corps a trouvé des limites dans son désir et besoin de courir et sauter, dues à des maladies de croissance et une paralysie des mains... Alors j'ai marché plus lentement. Et contemplé. Et observé les mouvements et émotions de mon environnement. Intérieur et extérieur. Je suis devenue témoin de l'Humanité, la mienne et celles des autres. Poète vagabond, malgré moi.
Je suis allée trouver des réponses à mes questionnements existentiels et spirituels entre les rayons de la Bibliothèque Holden de Reims, petite bibliothèque de quartier dont l'architecture extérieure cubique lui donnait l'apparence d'une petite Mecque. J'y allais comme on fait un pèlerinage, découvrant la naissance de l'art moderne, l'impressionnisme, le surréalisme, le dadaïsme, parmi les écrivains, poètes et peintres. Et j'ai commencé à faire du bénévolat, à guider les enfants dans leurs apprentissages. A tenter de comprendre. Mais quoi? Si ce n'est... mes propres peurs.

J'ai croisé trois personnes marquantes sur mon chemin d'évolution créative.

A l'âge de 20 ans, alors que j'étudiais la biologie à l'université en conflit intérieur avec mon élan artistique (réprimé par des croyances familiales), je m'étais finalement décidée à aller à une réunion d'information sur les cours préparatoires d'entrée à l’École des Beaux Arts de Reims en France. Malheureusement mes horaires universitaires ne me permettaient pas de suivre cette préparation, mais Mr. Philippe Drouard, professeur de dessin en charge de ce programme, me proposa d'intégrer directement en auditeur libre sa classe de 1ère année en dessin.
Une année scolaire durant j'ai donc suivi les étudiants en dessin de cette Ecole des Beaux Arts.
Et... je suis restée sur ma faim!
Quant à la fin de l'année Mr. Drouard m'a demandé ce que je pensais de cette formation, "Factice" a été le qualificatif spontané exprimé. Proche de la retraite, riche de son expérience et de sa vision, lui qui avait travaillé sur une magnifique série de lithographies inspirées de l’œuvre de Poussin, il avait semble-t-il perçu en moi ma singularité, bien avant que j'en prenne conscience.
Je n'étais pas faites pour apprendre "l'Art" dans les "Écoles".
Un esprit libre défriche son propre chemin.
Le voyage, plus ou moins conscient encore, commençait.
Encore une fois, bien malgré moi.
 
Environ sept ans plus tard, alors que je peinais à venir à bout d'une formation d’Éducateurs de Jeunes Enfants avec laquelle encore une fois mes valeurs se confrontaient, j'ai croisé un prof d'Anthropologie - Ethnologie qui exerçait à l'université de Strasbourg. Il était venu intervenir dans notre formation pour quelques heures, abordant l'interculturalité dans les interventions sociales.
Alors que je souffrais de témoigner pour mon mémoire final d'études de ce que j'avais réellement vu et vécu dans l'organisme où j'avais fait mon stage de fin de formation, un Centre d'Hébergement d'Urgence pour Femmes avec ou sans enfants, n'ayant aucun soutien de mes professeurs en charge et bien plus l'Institution même liguée contre ma Parole, Mr. Patrick Tenoudji m'a offert son aide.
Il m'a dit trois choses dont je me souviens encore aujourd'hui pour éclairer ma route, quand toutes lumières semblent éteintes et que les nuages cachent les étoiles: "Parle avec ton cœur. Tu es une Mémoire. Je te donne ma bénédiction." Bon, un peu théâtral, mais cela lui vient de son amour pour les Arts de la Scène!
Et je participais à mes premières expositions artistiques, dans la rue.

Encore plus tard, épuisée sur ces grandes autoroutes de la vie où mon pied vagabond se meurtrissait et se languissait du discret et solitaire sentier de terre, j'arrivais dans ma première véritable "école" d'Arts Visuels... C'était une École Primaire, où Michel Houplain, peintre sculpteur graveur de la région parisienne d'une virtuosité exceptionnelle, fidèlement depuis de nombreuses années animait des ateliers en dessin et sculpture d'après modèles vivants.
Quand j'échoue sur son quai, mes mains sont lourdes de tensions. Les bancs d'écoles de Michel ne sont pas rigides et strictes, sa classe est un espace libre, où quand celui qui se sent prêt veut faire un pas, il le peut à son propre rythme. Générosité, patience, engagement social, furent les baumes pour panser mes blessures. Aucunes théories ou si peu, aucuns cours, juste une marche, au pas à pas. Le champ idéal pour le mouvement de mon esprit libre. Et des mots, de-ci de-là, dont je commence tout juste à saisir le sens en profondeur... un autre cycle de 7 ans plus tard.

Ces trois personnes ne se sont certainement jamais rendues compte de l'importance de leur Présence au moment où je les ai croisées sur ma route. Leur générosité et leur justesse ont contribué à me mener au jour d'aujourd'hui.


Ma façon d'enseigner perdure l'héritage qu'ils m'ont transmis.
C'est un Accompagnement.
 Un espoir. Des valeurs. De la beauté.

Je suis une autodidacte.
 Je ne crois pas aux dogmes.
Je crois que chacun a à se définir singulièrement.
Non dans un but de compétition, de performance et d'individualisme, mais dans un dessein de complémentarité et de coopération efficace afin de s'insérer dans un projet de société juste, viable et adaptable aux changements de toutes sortes.
La conscience de son processus créatif et de l'aspect vivant et évolutif de sa propre vision du monde et de soi, peuvent à mon sens y contribuer, et rendre la parole aux honnêtes Poètes du quotidien.



Habiba Nathoo


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