An
Exploration of my Process of Creation through a live Artist Journal, full of my Drawings and Words.

J'explore jour après jour au gré des pages remplies de dessins et de mots mon Processus de Création.

9 mars 2014

PAGE 88: 1/En relation dansante avec moi-même

MONTRÉAL
Lundi 3 mars 2014, je suis entrée en relations dansantes.


Je fais partie du beau projet Alors on crée? , cette année sous la direction de la chorégraphe Louise Bédard et de ses collègues sur le thème  "Duos de Femmes d'Ici et d'Ailleurs", dans les studios de Circuit-Est Centre Chorégraphique.
Nous, ces 21 femmes et adolescentes participantes au projet, sommes appelées dans le milieu de la danse, les "non danseurs".
Et c'est avec nous, que ces Femmes Dansantes que sont Louise, Sophie, Danielle, ont choisi de valser sur la musique de la création, pendant 8 semaines.
Nous allons créer des Duos, représentés en public lors de la Journée de la Danse le 26 avril.


Pourquoi suis-je là?
La petite voix intérieure, encore elle... Je me laisse guider.
Elle aussi est un souffle, qui me propulse vers l'Inconnu de moi encore.
Un mouvement.
Je continue mon exploration de l'espace, du geste mobile/immobile.

(de la place de dessinateur de modèle vivant,
à mon corps modèle vivant sur le podium des classes d'arts visuels,
aux corps en mouvement observés et pris en notes dessinées sur l'espace scénique de répétition avec les danseurs de Roger Sinha,
à mon propre mouvement intérieur et extérieur de corps dansant interprété en visions dessinés,
et de sa préparation à entrer en scène).

J'observe,
le phrasé chorégraphié de mon chant de sirène,
le balancement de mon corps trempé par les vagues de l'abandon,
le cri de ma chair, le grincement de mes os,
l'émergence de la mémoire païenne de mon scaphandre.


Louise nous propose d'écrire notre prénom par la gestuelle du corps dans l'espace.
Au début je pars avec ma pioche pour mitrailler de coups secs les flancs de ma montagne.
Mais je ne sens pas même un chatouillement qui pourrait diriger plus exactement mes gestes, m'aiguiller vers le contentement du trésor flairé.
Quand tout à coup, je saisis qu'écrire son prénom avec son corps, ne peut rester un acte technique.
Il doit être vécu comme une voix aux accents d'une vie. Un pacte et un acte de naissance. Un prénom pour me dire. Un prénom pour trouver mon écriture. Un prénom pour trouver ma démarche dans cet espace inconnu.
Un prénom comme repère. Un phare lumineux et rassurant qui me guidera quand je serai embarquée sur le bateau de la Scène. Sans mots dire, dans le silence du souffle émanant de la trace laissée par mon geste.
Une signature invisible.
Mais une présence éternelle, dans celui ou celle qui l'aura aperçue, peut-être...


Toute la semaine j'ai pensé et dansé HABIBA.
J'ai trouvé deux séquences chorégraphiées pour me dire.
Et chaucune peut se décliner et se dire avec différents accents et intonations...
Finalement, je m'aperçois que le mouvement de mon prénom ne m'apportera pas la réponse unique et ultime à la question "QUI SUIS-JE?". Elle ouvrira seulement la porte à tous mes possibles.
Je viens d'entrer par cet exercice dans mon espace scénique intérieur.
Je viens d'entendre les premiers balbutiements de mon langage secret.
Je viens de déterrer la mémoire de mon corps.

Qui semble-t-il, a des choses à dire...

Au terme de cette première semaine,
je commence à entrer en relation dansante avec moi-même,
mon monde intérieur en mouvements,
mon premier partenaire.

Le bateau peut s'éloigner un peu plus du quai maintenant.


Lundi, en rentrant de ce premier atelier, j'ai poursuivi mon élan de recherche amorçée sous les instructions de Louise. J'ai tenté, tant bien que mal, de mettre en images mes explorations sur mon Prénom dansé.
Le coup de crayon est d'abord sorti de façon très technique aussi, rigide et linéaire, puis a commencé légèrement à prendre quelques variations plus créatives.
Mais je ne sais pas encore comment transcrire mon état quand je danse mon prénom avec ce médium ci.
Ni même je n'ai tenté d'investiguer la place de chaque mouvement et sa route dans cet espace.
A suivre...